LE SYSTEME IMMUNITAIRE
CELLULES, MOLÉCULES ET ORGANES DE L'IMMUNITÉ
Dr Jean-Claude LEMAHIEU
L'immunité désignait initialement la résistance d'un organisme vis-à-vis d'un agent infectieux.
Cette définition s'est ensuite élargie à l'ensemble des réactions tendant à éliminer des substances étrangères.
Immunité (im - munus)
im : particule latine marquant la négation
munus : charge, impôt
L'immunité est un privilège attribué à certaines personnes : l'immunité diplomatique...
L'immunité
peut être définie comme l'ensemble des mécanismes
biologiques permettant à un organisme de reconnaître et de tolérer ce qui lui appartient en propre (le soi) et de reconnaître et de rejeter ce qui lui est étranger (le non soi)
: les substances étrangères ou les agents infectieux
auxquels il est exposé, mais aussi ses propres constituants
altérés (comme des cellules tumorales).
L'immunité met en jeu deux processus apparus successivement au cours de l'évolution des espèces :
l'immunité non spécifique, d'action immédiate, qui fait intervenir des cellules responsables de la phagocytose,
l'immunité spécifique, qui se développe en quelques jours et dépend de la reconnaissance spécifique de la substance étrangère, prélude à sa destruction ; elle garde le souvenir de la rencontre.
Chez
les Vertébrés, l'immunité non spécifique et
l'immunité spécifique sont étroitement
intriquées.
Le soi et le non-soi : les protéines membranaires
La reconnaissance d'un agent infectieux comme étranger suppose que le système immunitaire :
reconnaisse certaines structures qui lui sont spécifiques et qui constituent le soi,
les distingue de structures qui ne lui appartiennent pas et qui constituent le non-soi.
les protéines membranaires
Parmi
les protéines synthétisées par l'organisme,
certaines sont ancrées dans la membrane cytoplasmique des
cellules : ce sont les protéines membranaires.
Toute cellule possède un ensemble de protéines membranaires intervenant dans les communications inter-cellulaires.
Ces molécules de surface assurent une double fonction :
une fonction de reconnaissance : elles peuvent reconnaître un ligand
spécifique (molécule de la matrice extracellulaire,
molécule membranaire d'une autre cellule ou médiateur
soluble).
une fonction effectrice : permettre l'adhésion des cellules et/ou délivrer à la cellule reconnue des signaux qui seront captés par des enzymes membranaires ou cytosoliques et transmis au noyau pour activer ou inhiber l'expression de certains gènes.
Pour
assurer ces fonctions de communication, la cellule règle
l'expression de ses molécules de surface en fonction des signaux
qu'elle reçoit, pour devenir plus sensible ou temporairement
réfractaire au signal.
Les
protéines membranaires ont été découvertes
par l'étude de la fixation d'anticorps produits en immunisant la
souris contre des leucocytes humains :
On obtient divers anticorps reconnaissant la même protéine membranaire. Ces anticorps sont regroupés en classes de différenciation et les antigènes reconnus sont désignés par le préfixe CD.
L'emploi de ces anticorps permet de distinguer différentes catégories de lymphocytes.
Le soi : des protéines membranaires
Certaines protéines membranaires constituent le soi.
Pour les réactions immunitaires, les protéines membranaires les plus importantes sont les molécules du c</B>omplexe m</B>ajeur d'h</B>istocompatibilité ou molécules du CMH (anciennement HLA pour human leucocytes antigens).
Les molécules du CMH sont codées par 2 groupes de gènes :
les gènes de classe I sont les gènes A,B,C
les gènes de classe II sont les gènes DP, DQ et DR
Ces molécules forment une "niche" au sein de laquelle les peptides (P) sont accrochés
Les gènes codant ces molécules sont extrêmement polymorphes, c'est à dire qu'il existe un très grand nombre d'allèles pour chacun de ces gènes.
Ces gènes sont codominants, chacun d'eux s'exprime sous la forme d'une protéine membranaire.
les molécules de classe I sont présentes sur toutes les cellules nucléées de l'organisme.
les molécules de classe II sont présentes sur certaines cellules nucléées.
À
la surface des cellules exprimant à la fois les molécules
CMH de classe I et II, on trouve 12 molécules CMH
différentes, (6 gènes paternels + 6 gènes
maternels).
Le nombre des combinaisons
possibles est très grand et la probabilité de retrouver
la même combinaison chez deux individus pris au hasard est
extrêmement improbable : les molécules du CMH expriment
bien le "soi" c'est à dire l'individu.
Les molécules de classe I ou II ont la propriété de [b]s'associer à des peptides provenant de la dégradation des protéines intracellulaires (les protéines cytosoliques)
Les
molécules de classe II ont la propriété de pouvoir
s'associer à des peptides provenant de la dégradation des
protéines extracellulaires endocytées